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 [TEXTE] "2030, l'An Rouge"

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Ven 12 Sep - 22:51

Et les flammes s'élevaient, léchant les murs ; et les tirs se confondaient avec les explosions, formant une assourdissante bataille. Le jour tant attendu était arrivé ; un idéal, son idéal, touchait à son apogée, et malgré l'ardeur du conflit, le jeune homme ne put s'empêcher de sourire...


CHAPITRE PREMIER
Un an plus tôt, 7 Septembre 2029, Arles.

Dorian émergea d'un sommeil sans rêve. Il s'assit sur son modeste lit et regarda avec dégoût, comme chaque matin, son exigu studio dans lequel il s'était toujours senti claustrophobe. Il haussa les épaules ; il avait autre chose à penser : s'il était en retard à son travail, il vivrait peut-être dans pire logis... et se faire renvoyer dans sa situation était la dernière chose dont un homme de vingt ans avait besoin. Il se hâta, prenant une douche, s'habillant, déjeunant... puis une heure plus tard, sortit, marcha jusqu'à l'arrêt de bus le plus proche, monta dans le lourd véhicule. Depuis son siège, il contempla le paysage qui défilait par la vitre. Bâtiment après bâtiment, voiture après voiture, piéton après piéton... sans parler de la pollution qui ces derniers temps était devenue critique dans les villes comme Arles, il était tout aussi bien étouffé par l'affreuse ambiance qui régnait ici.

Sans compter que les villes devenaient de moins en moins sûres ces derniers temps, il avait même eu vent de déploiements militaires dans certains quartiers de Bordeaux, "à défaut d'effectifs suffisants dans la police", avaient-ils dit. Dorian avait le déclin de ce monde sous les yeux, mais trop distant pour que ses mains puissent y changer quoi que ce soit. Il était un survivant ; comme tous, dans le fond. Un homme menant une vie qu'il n'avait jamais voulue, et qu'il aurait quittée si personne ne l'y avait retenu. Car entouré de salauds, dit-on, nous en arrivons à souhaiter les fuir. Et lorsqu'ils sont omniprésents, ancrés dans la vie elle-même...

Le jeune homme était serveur dans un restaurant indépendant, "Le Romain", s'appelait-il. A première vue, ç'aurait pu sembler être une place confortable... mais les employés étaient en constante concurrence, et le patron ne voyait guère plus les employés que le rendement dans le registre de ses priorités. Et ces derniers temps, le chômage était une véritable épée de Damoclès qui effrayait les salariés de presque toutes les firmes et la quasi-totalité des petits commerces.

Mais il n'y fut pas plus destiné que les autres employés aujourd'hui ; ce fut une journée comme une autre, comme tant d'autres, fastidieuse... mais sans mauvaise surprise : il pouvait difficilement espérer mieux. Il acheva de débarrasser les dernières tables, retourna se changer, et se regarda un instant dans un miroir. Ses yeux verts avaient depuis longtemps perdu leur éclat ambitieux, des cernes les soulignant. Taillé son noir collier encadrant ses lèvres et rejoignant ses pâtes ; et courte et lisse sa sombre chevelure, qui survolait légèrement son front en une houppette. Sa peau arborait un teint légèrement mat, qui se mariait bien avec sa pilosité et ses cheveux noirs.

Il ne tarda pas à laisser derrière lui cette journée dépourvue d'intérêt, fit à contresens le même trajet. Il n'admira pas le morne paysage, cette fois. Avec anxiété, il remarqua que la porte de son appartement était déverrouillée... il posa sa main sur la poignée, méfiant.

Il ouvrit.

Entra.

La pièce n'était pas éclairée, et il y remédia aussitôt.

Puis il la vit.

Sa prudence se mua en surprise mêlée au soulagement. Elle était là ; la raison qui le retenait encore dans un monde dont il n'avait pas besoin. Ambre avait dix-neuf ans ; ses cheveux blonds dont deux mèches tombaient sur ses épaules et flottaient un peu plus bas comme une cascade dorée. Sa peau pâle était assortie à ses cheveux clairs : totalement l'opposée du physique de Dorian. Ses yeux bleus étaient captivants, son visage était fin et ses lèvres légèrement pulpeuses. Elle eût été une véritable princesse avec un simple diadème sur le front.

Vêtue d'un débardeur et d'un jean, qui tous deux soulignaient la finesse de ses membres, elle se leva du lit sur lequel elle s'était assise, en l'attendant sans doute. Elle lui sourit. Sourire que Dorian rendit en refermant la porte ; il s'avança vers elle et l'embrassa.

- Préviens-moi à l'avance la prochaine fois, lâcha-t-il dans un murmure.

Le sourire s'élargit sur les lèvres de la jeune fille ; devint taquin.

- Je t'ai fait peur ?

- Oui.

- Si on ne peut plus faire de surprise... rétorqua-t-elle sur un ton faussement vexé.

Dorian sourit en coin, amusé.

- Tu aurais pu fermer à clé.

- Je voulais laisser durer le suspense.

Il alla s'asseoir sur le lit, seul "fauteuil" de son chez-lui ; Ambre l'y rejoignit, posant sa main sur la sienne, un peu anxieuse. Elle avait probablement vu la fatigue dans ses yeux.

- Tu vas bien ? s'enquit-elle.

- Je survis.

- Donc non.

- Je me débrouille, pour l'instant.

Elle soupira, non moins anxieuse : son regard trahissait son inquiétude.

- Tu comptes vivre comme ça encore longtemps ? Tu sais bien que je peux t'aider...

- Non, la coupa-t-il. Ecoute, tu fais partie des plus chanceuses, je ne veux pas que tu risques ça pour moi.

- Toi et ta foutue fierté...

Elle soupira, de nouveau, puis reprit :

- Il ne s'agit pas de risquer, je veux t'aider. Tu n'as pas besoin de refuser ça pour me prouver que tu m'aimes vraiment, tu sais.

Il garda le silence, pensif. Le regard de sa moitié se fit plus insistant ; elle posa une main sur la joue du jeune homme et le poussa à la regarder :

- Laisse-moi t'aider...

- C'est pour ça que tu es venue ?

- Entre autres.

- Ecoute, Ambre, je n'ai pas tellement envie de parler argent. Je n'ai pas envie de penser à tout ça. Donc si on peut en parler une autre fois...

- Tu fuis toujours le sujet.

- Essaie de me comprendre, en même temps...

Il marqua une pause, posa ses mains sur les épaules d'Ambre.

- Je suis à longueur de temps au travail, entouré de cons, pour avoir un salaire qui me permet tout juste de garder ce taudis qu'ils ont réussi par le pouvoir du Saint-Esprit à mettre dans un bâtiment. Tu crois sérieusement que j'ai envie de parler de ce que je cherche à fuir, ce que j'arrive à fuir quand je suis avec toi ?

- Justement... si je t'aide de ce côté là, tu n'aurais plus besoin de le fuir, tu ne crois pas... ?

- S'il te plaît, lâche l'affaire... au moins pour ce soir, j'aimerais qu'on soit juste toi et moi... et qu'on jette aux oubliettes tout le reste.

Le regard de la jeune fille se fit compatissant, puis de nouveau, l'amour se vit dans ses yeux, l'anxiété se dissipant. Elle sourit et se rapprocha de lui, l'embrassant avec tendresse.

- D'accord, mais tu n'y échapperas pas la prochaine fois, lui dit-elle dans un souffle.

Puis ils oublièrent le monde, chacun n'eut d'yeux plus que pour l'autre.



[A continuer ; et je précise pour les réticents que ça promet surtout pas d'être un roman à l'eau de rose... xD ]
 

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